Amour éternel en Lunigiane

L'histoire de Bianca Maria Aloisia du Château de Fosdinovo est certainement la plus célèbre : fille du marquis Malaspina, elle fut coupable d'avoir follement aimé un garçon d'écurie et fut emmurée vivante avec un chien, symbole de loyauté envers sa bien-aimée, et à un sanglier, emblème de la rébellion de sa famille. Une histoire d'amour impossible encore présente lors de la visite du Château, dans laquelle, selon la légende, plane la présence de la Princesse.

L'amour se ressent également dans la salle du château de Pallerone, dans la municipalité d'Aulla, une résidence monumentale qui fut, pendant des siècles, le siège du marquis de la famille Malaspina. A l'intérieur se trouve un cycle de fresques attribuées selon toute vraisemblance au Fivizzanais Stefano Lemmi, datées de la fin du XVIIe siècle. De l'amour éternel, raconté par le mythe de Séléné et Endymion, à l'amour non partagé de Galatée et Polyphème, à l'amour de Narcisse pour lui-même, dont la salle de réception évoque la splendeur antique de la cour de la famille Malaspina.

Un amour troublé, mais cette fois avec une fin positive, est celui entre Angelica Malaspina du Marquisat de Bastia et Giulio de' Medici, fils d'Alexandre le Maure. Ils se sont rencontrés à Pise où, suite à leurs rencontres secrètes, leur fils Cosimo est né. Malgré le lien profond, l'amour entre les deux a été fortement entravé tout au long de leur vie : Giulio a épousé une autre femme, la famille Médicis a accusé Angélique de mauvaise conduite et la femme s'est retirée au couvent, où elle a été forcée de prononcer ses vœux. La confiance en son bien-aimé et sa clairvoyance ont convaincu ses sœurs de signer une déclaration dans laquelle Angélique dénonçait sa contrainte à devenir religieuse et prévoyait la dissolution de ses vœux si Julius l'avait demandée en mariage. Enfin, en 1583, elle est libérée à la suite d'un procès présidé par l'évêque de Massa, et elle atteint Pisa où elle est accueillie par son fiancé.

Mais tous les amours de la Lunigiane ne sont pas tragiques et malheureux : l'histoire de Carlo Dosi Delfini et de sa femme bien-aimée Giulia Reghini est un exemple d'amour pur et fidèle, qui surmonte le temps et la mort. Après un mariage solide et durable dont naissent douze enfants, la mort de Giulia blesse tellement le propriétaire de la Villa Dosi Delfini qu'il le persuade de se retirer dans la vie conventuelle et d'abandonner sa maison avant qu'elle ne soit achevée. Une fidélité qui laisse encore aujourd'hui sans voix les visiteurs de la Villa.